Japon : Entre amis dans l’océan Indien

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Sans rompre avec les États-Unis ni affronter directement la Chine, l’Australie, l’Inde et le Japon vont sans doute organiser de concert une stratégie d’associations à géométrie souple avec leurs voisins dans l’océan Indien pour « occuper le terrain » face à l’entreprenante politique chinoise du collier de perles et des Routes de la soie. L’Indonésie, avec son pivot maritime en serait le partenaire le plus marquant sur la façade orientale de l’océan Indien.

 

Description

FAITS

À la veille de son départ pour le sommet du G20, D. Trump a laissé filtrer ses doutes – aussitôt démentis – au sujet de l’équité du pacte de défense de 1951 entre Washington et Tokyo. Cette mise en condition, destinée à préparer la discussion relative aux bases américaines d’Okinawa, accroit un peu plus l’incertitude relative aux accords signés par Washington, comme en témoigne le débat actuel à Canberra1.

Le Quad pourrait de ce fait devenir trio et prendre ses dispositions pour ne pas laisser la Chine manoeuvrer seule dans la région indo-pacifique. Certains faits semblent préfigurer ce mouvement.

  • Le Japon, plus qu’un acteur économique, est devenu un partenaire majeur de la sécurité régionale. Il a lancé la Free and Open Indo-Pacific Strategy 2  et prévoit d’investir seul ou en association, dans le développement portuaire d’au moins trois pays de l’océan Indien :
    • Sri Lanka avec l’Inde (Colombo et Trincomalee) ;
    • Birmanie avec la Thaïlande (Dawei),
    • Bangladesh (Matarbari).

Noter que le partenariat d’exception entre le Japon et la France de juin 20193 prévoit le renforcement de la coopération dans l’espace indopacifique.

Rappel. En 2018, le Japon et l’Inde avaient lancé le corridor de croissance Asie-Afrique (AAGC).

  • L’Australie. IPE-2019, l’exercice Indo-Pacific Endeavour (3e édition ; mars-mai 2019 diffère des exercices conjoints habituels. Outre sa durée, le Japon et les Philippines sont partenaires stratégiques depuis 2011 ; avec la participation de ses trois armes (marine, air, terre), il associe hard et soft power et a touché terre dans six pays (Sri-Lanka, Malaisie, Thaïlande, Vietnam, Singapour, Indonésie). Chaque escale a donné lieu à des activités militaires (interopérabilité), diplomatiques de défense et de contacts avec les communautés locales, en vue d’opérations humanitaires et de secours.
  • L’Inde. Le gouvernement Modi 1 a renoué avec le Pacifique Sud (FIPC-I et II, IPISDC) et programmé 32 stations radar de surveillance côtière aux Seychelles, Sri Lanka, Maurice et Maldives (la première : à Madagascar dès 2007). Sur cette lancée, le gouvernement Modi 2 développe la coopération économique et sécuritaire dans l’océan Indien. AUSINDEX-19 (2-14 avril 2019), l’exercice annuel entre marines australienne et indienne, le plus complexe à ce jour (guerre anti-sous-marins et antisurface, défense aérienne, ravitaillement en mer…) a réuni pour le première fois quatre navires de première ligne équipés d’hélicoptères intégrés, un sous-marin et divers aéronefs, dont des avions anti-sous-marins de reconnaissance longue distance Poseidon P-8 et 8A de l’armée de l’air indienne.

        L’Inde aide les Maldives à se désendetter de Pékin.

  • L’Indonésie est partenaire stratégique du Japon (2006, connectivité dans les océans Indien et Pacifique) et de l’Australie (2010). Au sein de la « centralité creuse » de l’ASEAN (sa déclaration ASEAN Outlook on the Indo-Pacific, adoptée formellement lors de son sommet de juin 2019 n’est qu’un aperçu académique de son approche de l’Indo-Pacifique), Jakarta devrait […]

Rémi Perelman, Asie21

Extrait de la Lettre confidentielle Asie21-Futuribles n°130 juillet-août 2019

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Encadré  Indonésie : le « Pivot maritime mondial »

 

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