Japon – Taïwan : Une relation d’avenir

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L’arrivée au pouvoir des souverainistes du Parti démocrate progressiste (DPP) à Taïwan devrait marquer un rapprochement avec Tokyo qui risque de provoquer une montée de tension avec Pékin.

UGS : Asie21-Futuribles 92-4 Catégorie : Étiquettes : , , , ,

Description

FAITS

Contrairement à l’immense majorité des chefs d’État des pays qui ne reconnaissent pas Taïwan, le Premier ministre Japonais Abe Shinzo a personnellement félicité Tsai Ing-Wen 蔡英文 pour sa large victoire à la présidentielle taïwanaise (cf. article de Jean-Yves Heurtebise dans ce numéro). À cette occasion, Abe a qualifié Taïwan de « vieil ami » du Japon. Il s’agit d’une allusion à peine voilée à la période de la colonisation du pays par le Japon, période vue sous un angle assez favorable par une bonne partie de la population taïwanaise, en particulier celle qui soutient Tsai. Par ailleurs, des consultations auraient été d’ores et déjà engagées entre le nouveau pouvoir taïwanais et la représentation diplomatique japonaise locale,  afin d’accélérer les négociations en vue de la conclusion d’un accord de libre-échange entre les deux pays. On espère aussi à Taipei que Tokyo aidera le pays à développer son industrie d’armement, à travers des accords de transferts de technologies permis par la nouvelle législation japonaise dans ce domaine, et qu’il le soutiendra dans sa candidature à la participation au « partenariat transpacifique », un vaste projet de libre-échange voulu par les États-Unis et leurs alliés dans la région,  projet qui exclut pour l’instant Taïwan* et plus encore la Chine. Selon un des proches conseillers diplomatiques de Tsai, le Japon et Taïwan envisageraient même de pouvoir intervenir conjointement dans des opérations civiles de sauvetage  lorsque des catastrophes se produisent dans les pays tiers. D’une façon générale, la qualité de la relation entre les deux États sera vraisemblablement fortement améliorée par le départ du président Ma Ying-jeou 馬英九 qui n’a jamais hésité à jouer la carte de l’ « antijaponisme » pour complaire à Pékin et tenter d’unir « les Chinois » des deux côtés du détroit. […]

Emmanuel Dubois de Prisque, Asie21

Extrait de la Lettre confidentielle Asie21-Futuribles n°92 février 2016