La Chine face aux limites du développement
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Le ralentissement de l’économie chinoise n’est pas simplement structurel au niveau domestique. Il est sans doute structurel au niveau mondial : alors même que tous les indicateurs macro-économiques semblent au vert (les taux directeurs des banques centrales au plus bas, le prix du pétrole et des matières premières en baisse), le fait que la croissance chinoise ralentisse est préoccupant.
Description
FAITS
Si l’annonce d’une croissance de 7 % du PIB se confirme en Chine pour l’année 2015 et en admettant que ce chiffre officiel reflète la réalité, ce serait le plus bas taux de croissance enregistré en Chine depuis plus d’un quart de siècle après 30 ans de croissance à deux chiffres. Une telle croissance a permis entre 1981 et 2008 à la population pauvre de passer de 84 à 13% de la population totale. Mais elle est allée de paire avec une augmentation sans précédente des inégalités : l’indice Gini est passé sur la même période de 0.28 à 0.48. Du fait de la pollution qu’elle engendre, cette croissance a un coût sanitaire sérieux : chaque année, selon l’OMS, ce sont 750 000 personnes qui meurent prématurément à cause de la pollution de l’air (intérieur et extérieur) et de l’eau. Si l’on y ajoute les 70 000 personnes qui meurent chaque année d’accidents industriels, c’est presque l’équivalent d’une ville comme Marseille qui disparaît chaque année. Cette croissance a aussi un impact écologique mondial. Entre 1971 et 2010, la consommation énergétique domestique est passée de 7 à 20 % de la consommation mondiale. L’économie chinoise use 54% de la production mondiale d’aluminium, 50% de celle de nickel et de charbon, 45% de celle de l’acier, etc. Ainsi depuis 2011, la Chine est le premier émetteur de CO2 au monde et depuis 2014, son émission de CO2 par capita est supérieure à celle de l’Union européenne. […]
Jean-Yves Heurtebise, Asie21
Extrait de la Lettre confidentielle Asie21-Futuribles n°88 octobre 2015