MALAISIE Le système Najib Razak sur la sellette ?
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En juillet 2015, le quotidien américain Wall Street Journal révèle que le Premier ministre de Malaisie, Najib Razak, est soupçonné d’avoir détourné 640 millions d’euros du fonds d’investissement public 1MDB depuis son arrivée au pouvoir en juillet 2009. Comme il l’a déjà fait à propos d’autres enquêtes, le Premier ministre muselle toute enquête sous prétexte de sauvegarder « l’ordre public et la sécurité ». Muhyiddin Yassin, n°2 du gouvernement, qui s’était exprimé en faveur d’une enquête indépendante, a été limogé le 28 juillet, de même que le procureur général Abdul Gani Patail et quatre autres ministres. Le scandale prend de l’ampleur et dépasse le seul cadre financier pour se transformer en intrigue autant de politique intérieure qu’internationale (les États du Golfe, notamment Abu Dhabi, sont largement impliqués dans des financements occultes). Tout le système politique sur lequel repose la Malaisie, État multiracial de 30 millions d’habitants, pourrait être remis à plat ; l’hégémonie de la coalition au pouvoir depuis l’indépendance est aujourd’hui sur la sellette. Il n’est pas sûr pour autant que la démocratie y gagne.
Description
FAITS
Après la révélation du scandale, le mécontentement s’organise. Le 1er août 2015, des centaines de militants de la Coalition de la jeunesse pour la Malaisie (Gabungan Anak Muda Demi Malaysia) se retrouvent pour le rassemblement « Tangkap Najib » à Kuala Lumpur, la capitale malaisienne, afin d’exiger la démission du Premier ministre. Fin août, le mécontentement reprend : plusieurs milliers de manifestants portant des tee-shirts jaunes du mouvement de la société civile Bersih appellent à des réformes et à la reprise de la mobilisation.
Le 3 août, l’Agence malaisienne anti-corruption « blanchit » le Premier ministre en assurant que l’argent provenait de « dons » sans lien avec de possibles détournements de fonds.
La vaste répression exercée par les autorités malaisiennes à l’encontre des défenseurs des droits humains, des médias et des responsables politiques de l’opposition s’intensifie. Toutefois, la Haute Cour de Malaisie a défendu la liberté de la presse ainsi que les sites d’actualité en ligne.
En octobre 2015, le Wall Street Journal révèle que les fonds pour la campagne électorale de 2013 dépensés par l’UMNO provenaient de 1MDB. C’est tout le système financier, ses pratiques, ses montages douteux, qui est dénoncé.
La société 1MDB est endettée à hauteur de 10 milliards d’euros […]
Sophie Boisseau du Rocher, Asie21
Extrait de la Lettre confidentielle Asie21-Futuribles n°91 janvier 2016
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