Opération « Australia »
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Faute de pouvoir investir l’Inde, la Chine cible l’Australie pour devenir une puissance indopacifique. Ce pays-continent dispose d’un territoire enviable, d’une importante communauté d’origine chinoise et pourrait constituer un relais vers l’Antarctique. Pékin se projetterait ainsi vers deux autres quasi-continents à sa mesure et de surcroît relativement vulnérables.
Dans cette perspective, les objectifs du Parti communiste chinois, PCC, sont au nombre de trois :
- contrôler les communautés soupçonnées d’hostilité à son égard,
- se doter de complices,
- influencer favorablement le cours de la politique australienne via de zélés donateurs.
- L’agence de sécurité australienne, l’Australian Security Intelligence Organisation, l’ASIO, s’en inquiète aujourd’hui sérieusement. Mais le caractère apparemment limité et subreptice des actions incriminées n’a pas soulevé d’émotion sur le plan international où l’attention est accaparée à juste titre par la première étape du processus qu’est l’avancée en mer de Chine du Sud.
Description
AVANT-PROPOS
Les relations entre l’Australie et la Chine ont une longue histoire qui explique qu’on dénombrait 615 000 Chinois en Australie en 1998. Un effectif qui avait quasiment doublé 18 ans plus tard avec 1 213 903 Chinois ou d’origine chinoise nés en Australie, soit en 2016 quasiment 5 % d’une population de 24 210 800 habitants.
Cette population devenue australienne ou en voie de le devenir, reste ethniquement chinoise. Elle est la cible de choix d’une campagne permanent et opaque de la part de la république populaire de Chine. Les campus universitaires sont tout particulièrement visés (140 000 étudiants chinois en mars 2017, soit 20 000 de plus qu’un an auparavant et 30 % du total des étudiants étrangers en 2017). Les médias s’en sont émus.
Le 19 septembre 2016, « The 7.30 Report », le programme d’actualités télévisées d’ABC, la chaîne fédérale, présentait une enquête détaillée sur les intermédiaires utilisés pour accéder aux dons de la communauté chinoise, notamment ceux des riches hommes d’affaires et des promoteurs millionnaires arrivés récemment – nantis de liens présumés avec le Parti communiste chinois – et cherchant à la fois l’accès aux cercles politiques de premier plan et le prestige dans leur nouvelle patrie.
Une enquête plus détaillée, menée pendant cinq mois par Fairfax Media et Four Corners (voir annexe) sur les tentatives du Parti communiste chinois d’influencer les institutions australiennes à travers les organisations communautaires chinoises, a suscité un débat important et a eu trois conséquences immédiates. Le chef du parti travailliste Bill Shorten a interdit à son parti de recevoir des dons de deux généreux « donateurs » ; le ministre de la justice George Brandis a annoncé que l’Australie réformerait ses lois sur l’ingérence étrangères ; le ministère chinois des Affaires étrangères a exprimé à l’ambassadeur d’Australie à Pékin tout le déplaisir que suscitait ce projet de nouvelle loi.
Le résultat médiatique de l’enquête est une série de trois articles aux titres directs, publiée en juin 2017, qui révèlent en détail les modalités d’un soft power agressif :
1 -la ligne du Parti communiste chinois,
2 – argent, pouvoir et responsables politiques,
3 – les entremetteurs.
Ce qui suit en offre un bref résumé, conforté par divers textes traitant du sujet.
NB. Les révélations qui y sont faites peuvent surprendre dans la mesure où, depuis un an, un accord de coopération liait Fairfax Media et la presse officielle de la RPC.
[…]
Rémi Perelman, Asie21
Extrait de la Lettre confidentielle Asie21-Futuribles n°113 janvier 2018
Voir également : Opération Australia, la campagne d’influence de la Chine
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