Le voyage du président Poutine au cosmodrome de Vostochny, en pleine crise russo-ukrainienne, montre les nouvelles priorités de la Russie avec l’adieu à l’Europe. Poutine, homme de sang froid et de pensée politique longue, laisse très peu de place au hasard de l’instant. La politique n’est pas « tout en même temps », c’est choisir. Il a choisi l’Asie pour le futur de la Russie. L’Europe y perdra ses ressources énergétiques bon marché et sa compétitivité déjà fragile. Elle se trouvera liée aux destinées d’une Amérique du Nord déclinante. La Chine et l’Inde, avec l’exploitation des ressources sibériennes, ses ors noir, bleu, vert, sortent les grandes gagnantes de cette fracture, véritable rift tectonique Russie -Europe. Peut être eût-il mieux valu pour l’Europe de dépendre des énergies de l’Arctique russe que du gaz de schiste américain, cher et si peu écologique, ou des ressources énergétiques des pays du Golfe, incertaines à terme.