La guerre d’Ukraine a bouleversé le fragile équilibre « Europe – Russie – Asie ». Le point commun entre l’Europe et l’Asie réside dans leur dépendance aux énergies importées, et leur différence est leur vision du futur. L’Europe, une population vieillissante à niveau de vie élevé, gère une rente de situation, alors que la Chine et l’Inde, 6 fois plus peuplées et 6 fois moins riches par habitant, ont une frénésie de consommation, donc de croissance. La Russie, à cheval entre ces deux géants, a les ressources énergétiques de la Sibérie et ses vastes espaces à haut potentiel agricole. Quand les portes de l’Occident se ferment à la Russie, celles de l’Asie lui sont grandes ouvertes. Longtemps, elle se crut européenne… depuis Pierre le Grand. Les oukases européens l’obligent à penser autrement, d’où la vente de son énergie à la Chine et l’Inde, les premiers consommateurs mondiaux. Yvan le Terrible (cf. encadré 1) avait raison : l’avenir de la Moscovie était au Nord et à l’Est, l’ennemi à l’Ouest ! Cette révolution des échanges énergétiques est rapide, comme le confirment les échanges de 2022. On a lâché la bride du cheval du changement, jusqu’où ira-t-il ? C’est dans ce sens que la guerre d’Ukraine est une chance pour l’Asie (危机*).