Les grandes civilisations ne meurent pas et l’endormissement de l’ours russe comme celui du dragon chinois n’étaient que temporaire. Demain, d’autres démons s’éveilleront en Inde, au Brésil et en Afrique. L’Occident pensait avoir assuré définitivement sa suprématie mondiale, grâce à la rationalité d’un modèle économique libéral, avec le dollar comme étalon monétaire et son droit supra-national garanti par une armée de GI éparpillée dans 750 bases dans 80 nations. La privatisation de la chose publique – res publica – au profit de groupes financiers, plus forts que les États, conduit à la soumission. C’est une voie sans issue : Confucius, Pouchkine, Avicenne sont immortels ; l’homme n’est pas un objet, son droit d’être est universel. Xi et Poutine ne veulent plus d’un monde unipolaire controlé par Washington. L’Eurasie ne sera pas un terrain d’expansion de l’Occident. Pékin est devenu un point de rencontre pour Minsk, Riyad, Téhéran, Moscou, Kiev et Brasilia. Xi, le grand timonier pour un 3e mandat depuis le 10 mars, devient l’espoir, le faiseur de paix dans un monde qui sent la guerre. La Chine redevient-elle l’empire du Milieu autour duquel un nouvel ordre pourrait se construire en harmonie avec la nature ?