Avec l’objectif de maintenir un haut niveau de partenariat et de coopération avec leurs principaux alliés en Asie quels que soient les éventuels changements politiques, les États-Unis ont manifesté le souhait d’institutionnaliser certains des mécanismes de dialogue récemment mis en place. Cela pourrait, dans un premier temps, se concrétiser par la création d’un secrétariat permanent pour coordonner le triangle États-Unis – Japon – Corée du Sud. Puis, dans un second temps, déboucher sur la constitution d’une structure permanente de coordination entre l’Otan et ses quatre partenaires de la région indopacifique (IP4*)1. L’intérêt étant de garantir la poursuite de la politique actuelle, même en cas de changement d’administration aux États-Unis ou dans un autre pays de la région, et de contourner les oppositions quant à l’ouverture de bureaux de représentation de l’Otan en Asie.
OTAN
Taïwan – Chine – Allemagne : Traversée du détroit : ira ? ira pas ? Il y est allé
Dans le périple de sept mois, depuis l’Allemagne jusqu’au Pacifique, du groupe naval constitué de la frégate Baden-Württemberg et du ravitailleur Frankfurt am Main, il est envisagé que ce dernier franchisse le détroit de Taïwan en septembre 2024 dans le sens nord-sud. Ce qui ne devrait pas manquer de susciter l’ire de Pékin si le projet est réalisé. Bien qu’à la date du 27 août 2024 l’ordre d’exécution du transit n’ait pas encore été donné mais que l’information sur l’éventualité a été révélée, un recul de l’Allemagne équivaudrait à la reconnaissance implicite d’une prétendue et revendiquée souveraineté chinoise sur une voie d’eau indéniablement internationale.
L’Indo-Pacifique. Nouveau centre du monde, Taillandier, Paris, 2024
de Valérie Niquet et Marianne Péron-Doise.
Note de lecture d’Alain Lamballe.
En 254 pages et 7 chapitres, Valérie Niquet et Marianne Péron-Doise traitent de l’Indo-Pacifique sous ses divers aspects politiques, économiques et militaires. Sans surprise, la Chine et les réactions des autres pays riverains et des grandes puissances mondiales que sa politique suscite occupent une place prépondérante dans l’ouvrage. A contrario, le livre consacre une faible importance à l’Afrique. La part réservée au Moyen-Orient n’est guère non plus conséquente. Quelques cartes agrémentent le livre.
Entre Xi Jinping, Poutine et Zelensky, l’initiative d’Orban pour le retour de la paix en Ukraine
Par le général (2s) Daniel Schaeffer, membre du groupe Asie21-Futuribles, ancien attaché de défense en Thaïlande, Vietnam et Chine
Reproduction autorisée sous réserve de mentionner la source Asie21 (www.Asie21.com)
Le 8 juillet 2024, Viktor Orban, premier ministre de Hongrie et président de l’Union européenne jusqu’en décembre, vient d’achever sa visite en Chine pour s’entretenir, entre autres, de la perspective d’un cessez-le-feu en Ukraine et des négociations de paix qui s’ensuivraient. Cette « mission 3.0 », comme il l’appelle, fait suite aux deux démarches identiques qu’il a accomplies les 2 et 5 juillet respectivement auprès des présidents ukrainien et russe sachant que, du côté russe, Vladimir Poutine a déjà proposé au moins par quatre fois de négocier et se montre prêt à un cessez-le-feu. Malheureusement il présente des conditions nettement irrecevables, voire bloquantes. Mais au moins, il y a un espace d’ouverture, bien que très étroit, mais ouverture quand même. En revanche, Zelensky, dans son entêtement à vouloir poursuivre la guerre avec le vain espoir de rétablir une situation qui lui est peu favorable, n’a pas donné de réponse franche à Orban.
Chine – Turquie – Russie : La marche turque vers l’est. Vers un retour aux sources
« La Turquie est une partie de l’Europe » disait W. Hallstein1 en signant l’accord d’association avec la Turquie en 1963. Mais les portes de l’Europe lui sont restées fermées alors qu’elle avait déposé sa demande d’adhésion en 1987, et de pays candidat en 1999.
L’Europe est passée de 6 à 27 membres, la candidature turque a été gelée alors que l’Asie, devenue la locomotive de l’économie mondiale, attirait la Turquie dans ses rets.
« Nous aimerions devenir membre des BRICS, cela pourrait être une bonne alternative à l’Union européenne », déclare le ministre des Affaires étrangères turc à l’issue d’une visite au Xinjiang et en Chine.
La marche turque vers l’est ressemble à un retour aux sources d’un peuple qui veut valoriser les liens que son histoire a tissés avec la Chine, l’Inde, la Russie, l’Iran et l’Arabie saoudite, dans le monde autre qu’unipolaire de l’Occident.
La géopolitique mondiale rappelle le poids de l’Histoire des peuples et combien « les faits sont têtus ».
Japon : L’opportunité ukrainienne
Alors que les États-Unis et plusieurs pays européens commencent à montrer des signes de fatigue quant à leur soutien à l’Ukraine, le Japon a décidé au cours de ces dernières semaines de renforcer son aide directe et indirecte à ce pays. Le Japon qui a déjà fourni une aide – essentiellement humanitaire et d’armes non létales – estimée à 7 milliards de dollars depuis le début de la guerre a pour la première fois accepté de revoir sa législation sur l’exportation d’armement pour permettre le transfert vers les États-Unis de missiles de défense anti-aérienne Patriot fabriqués au Japon sous licence. Il s’agit d’une étape importante pour une industrie de défense japonaise qui cherche progressivement à s’affirmer sur la scène internationale.
Corée du Sud : Un peu plus proche de l’OTAN
Pour la première fois de son histoire, la Corée du Sud a participé en novembre 2023 à Cyber Coalition, principal exercice de l’Otan en matière de cyberdéfense. Cela marque une nouvelle étape dans le rapprochement croisé entre l’Otan et la Corée du Sud et confirme la volonté de l’organisation de renforcer ses liens avec certains pays d’Asie-Pacifique pour faire face à une Chine considérée depuis 2020 comme un « rival systémique ». De son côté, la Corée qui s’inquiète d’un éventuel début de désengagement américain de la péninsule en cas de retour de Donald Trump à la Maison Blanche cherche à multiplier les partenariats de défense avec les pays partageant un socle de valeurs proches.
Comment l’OTAN prépare son entrée en Indo-Pacifique
Reproduction autorisée sous réserve de mentionner la source Asie21 (www.Asie21.com)
(6 juillet 2023)
Par les généraux (2s) Daniel SCHAEFFER, Asie21, ancien attaché de défense en Thaïlande, Vietnam et Chine, et Grégoire DIAMANTIDIS, membre du Cercle de réflexion interarmées (CRI)
La préparation de l’entrée de l’OTAN en Indo-Pacifique, objet de beaucoup de pressions aujourd’hui pour que cela se produise, a commencé il y a maintenant près de vingt ans par des rencontres, des échanges, avec quatre pays : l’Australie, la Nouvelle-Zélande, la Corée du Sud, le Japon. Au niveau opérationnel, les quatre ont participé, en partenariat avec l’OTAN, aux tentatives de stabilisation, échouées, de l’Afghanistan. Cela a conduit à la familiarisation des rapports entre l’Organisation et ces quatre États, devenus les quatre partenaires (Asia partners 4 / AP4). À partir de là il devenait plus facile de proposer un renforcement de ces relations au travers de l’adoption d’accords bilatéraux de partenariats tels que le propose l’OTAN qui, à cette fin, déploie une large gamme de programmes de degrés divers, soit qui se juxtaposent, soit qui s’imbriquent, soit qui procèdent les uns des autres et qui ne cessent de s’enrichir. Ce sont les outils de partenariat.
2030. La guerre de retour !
Par le Général Dominique Delort
Les éditions Le Sémaphore, Paris, 2022
Dans cet ouvrage de 315 pages, le général de corps d’armée (2S) Dominique Delort décrit des guerres sur plusieurs fronts en 2030.
Après la fin de la guerre en Ukraine, l’OTAN périclite. En 2030, nous dit l’auteur, les États-Unis d’Europe sont nés. Ils disposent d’un président, le Français Antoine Honfleur. Le ministre de la Défense est une italienne. Le responsable du Service d’information des armées est également italien. Un droit de véto est accordé aux seuls pays membres fondateurs, la France, l’Allemagne, l’Italie et l’Espagne. Mais il est limité à l’évolution possible de la Constitution de l’Europe fédérale. La capitale à laquelle on a donné le nom d’Europa s’est installée sur le Rhin. L’Europe occupe au Conseil de sécurité de l’ONU le siège permanent qu’avait la France.
Corée du Sud – Japon – États-Unis : Consolidation de l’alliance américaine
De la visite d’État du Président sud-coréen Yoon Seok-Yeol aux États-Unis fin avril 2023, à celle du Premier ministre Japonais Fumio Kishida en Corée du Sud début mai, sans oublier celle du Chef d’État-major de la marine japonaise, l’Amiral Ryo Sakai, en Australie ou encore l’annonce de l’ouverture prochaine d’un bureau de liaison de l’OTAN au Japon, de nombreux signaux indiquent que les États-Unis accélèrent dans la consolidation de leurs réseaux d’alliances et de partenariats en Asie du Nord-Est et au-delà.
Grappillages n° 171/2023-04
Asie – Mozambique Rassérénés Chine Complicité affichée ? Chine – Afrique Angola : Cabinda Angola : ciblée Angola : financements Tanzanie : ne pas aller trop loin Chine – Brésil : en poste Chine – Brésil : oubliée l’influenza Chine – Brésil : vaches et diplomatie Chine – Monde : Huawei, instrument clé Chine – Mozambique … Lire la suite
Russie – Asie – Europe : Drang nach Osten … ter repetita non placent
Poussée vers l’est. Ce qui est répété une troisième fois ne séduit plus
L’ours russe est sorti de sa longue léthargie avec la guerre d’Ukraine qui a bouleversé la marche tranquille de l’Occident vers l’est.
Paul Valéry s’interrogeait il y a 100 ans sur la destinée de l’Europe. « L’Europe deviendra-t-elle ce qu’elle est en réalité, c’est-à-dire : un petit cap du continent asiatique, ou bien l’Europe restera-t-elle ce qu’elle paraît, c’est-à-dire : la partie précieuse de l’univers terrestre, la perle de la sphère, le cerveau d’un vaste corps ? »3 Le temps a fait son œuvre et la crise ukrainienne a révélé les différences entre la Russie et l’Occident. La frontière ouralienne entre l’Europe et l’Asie de Vassili Tatitchev4 a explosé en même temps que les gazoducs de Nordstream. On est passé de l’Atlantique – Oural5, à Lisbonne – Vladivostok pour arriver à Brest, Brest-Litovsk6.
Le 21 février 2023, Poutine a tiré sa révérence à l’Europe. Il a fixé un cap pour la Russie, le soleil levant, condamnant l’Europe à regarder vers le soleil couchant. Les priorités sont les nouveaux corridors logistiques de la Russie devenue asiatique, réduisant l’Europe à une peau de chagrin de l’Asie.
Aukus : future expansion ou extension ?
Australie – Inde – Japon – Royaume-Uni
Aukus : future expansion ou extension ?
En marge de la très prochaine annonce du Premier ministre australien, Anthony Albanese, concernant son choix définitif lié à l’acquisition des futurs submersibles dédiés à la RAN*, le président du Comité spécial de la défense de la Chambre des communes du Royaume-Uni, Tobias Ellwood, a suggéré en janvier 2023 d’inviter l’Inde et le Japon à rejoindre l’Aukus*. Si l’ancien Premier ministre australien Scott Morrison (2018/2022) a en février 2023 déclaré qu’il était « trop tôt » pour étendre ce partenariat à Tokyo, argumentant que cette alliance jusqu’à présent exclusivement anglo-saxonne a été mise en place pour « n’être qu’un arrangement trilatéral », l’initiative britannique ouvre la porte à une possible ou nécessaire évolution des architectures régionales de sécurité déjà présentes en Asie.
Japon – Ukraine : Le syndrome ukrainien
Les Japonais craignent que l’invasion russe en Ukraine n’incite les Chinois à procéder à la conquête de Taïwan par la force et que, par effet d’entraînement, d’en subir les conséquences collatérales. Au nord, elles pourraient même se traduire par des confrontations armées, à divers degrés, avec les forces russes. C’est pourquoi le gouvernement Kishida* est activement à la recherche d’appuis extérieurs et planifie l’augmentation de son budget de la défense.
Indo-Pacifique : Quad – Effervescence
Le 24 mai 2022 les Premiers ministres australien, indien, japonais et le président des États-Unis se sont rencontrés à Tokyo pour la quatrième édition du Quad*. Le communiqué conjoint émis à la suite fait état de nombreuses initiatives nouvelles décidées qui devraient rapidement déboucher sur des applications concrètes. Face à cela la Chine réagit avec hostilité, non seulement par le discours mais aussi en se livrant à diverses activités navales et aériennes dont une conjointe avec les Russes.
Inde – Ukraine – Russie – États-Unis – Europe : L’attitude de l’Inde vis-à-vis de la guerre en Ukraine et ses conséquences
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La décision de l’Inde de ne pas condamner la Russie pour son intervention militaire en Ukraine s’explique par sa dépendance à l’égard de ce pays dans les domaines économique et militaire.
Taïwan – Chine – États-Unis « Acte III scène 4 » : Nancy Pelosi annule son voyage à Taïwan
斐洛西取消訪問台灣
À l’occasion du 43e anniversaire du Taiwan Relations Act (TRA*) signé en 1979, la présidente de la Chambre des représentants des États-Unis, Nancy Pelosi, avait l’intention de se rendre à Taipei pour démontrer, comme a pu dire le MOFA*, le soutien du Congrès américain à Taïwan ainsi que l’importance qu’il attache aux relations américano-taïwanaises. Il y a déjà eu un précédent (3e crise dite du détroit de Taïwan 1995-1996) lorsque Lee Teng-hui, alors président de la république de Chine (Taïwan) s’était rendu aux États-Unis pour une réunion d’anciens élèves de l’université Cornell (9 juin 1995) : en réponse, Pékin avaient envoyé deux salves de missiles balistiques, une au nord et l’autre au sud de Taïwan, au large des côtes, comme un avertissement.
Taïwan – Chine – États-Unis : En cas de guerre avec Pékin, les États-Unis n’enverront jamais de troupes à Taïwan
Dans une interview accordée le 3 mars 2022 à la radio1, Wu Sz-huai – général (ER), député (KMT) et membre de la Commission nationale de Défense du Yuan législatif – analyse la situation géopolitique actuelle du détroit de Taïwan souhaitant jouer pleinement son rôle d’opposition dans un pays démocratique, face à un gouvernement (DPP) qui le qualifie de « rouge ».
Taïwan – Lituanie – Chine – États-Unis : Erreur ? Le petit poisson et la baleine
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Taïwan fait une « percée diplomatique » en ouvrant un bureau de représentation sous le nom de Taïwan et non Taipei à Vilnius. Pékin réagit aussitôt par des sanctions économiques. Le président de Lituanie estime qu’il s’agit d’une erreur de son gouvernement.