Faute de pouvoir investir l’Inde, la Chine cible l’Australie pour devenir une puissance indopacifique. Ce pays-continent dispose d’un territoire enviable, d’une importante communauté d’origine chinoise et pourrait constituer un relais vers l’Antarctique. Pékin se projetterait ainsi vers deux autres quasi-continents à sa mesure et de surcroît relativement vulnérables.
Parti communiste chinois
Australie : Ingérence chinoise… et réactions
L’influence chinoise en Océanie mérite l’attention. Plusieurs faits récents en témoignent. D’abord, la publication du Livre blanc de la politique étrangère australienne pour les dix années à venir montre que l’agressivité de Pékin suscite de l’anxiété. Puis, le journalisme d’investigation ayant patiemment mis en évidence les modalités de l’ingérence de la Chine en Australie, une législation destinée à y mettre fin a été mise en chantier à Canberra, provoquant l’ire de Pékin. La Nouvelle-Zélande présente les mêmes symptômes. La route de l’Antarctique serait-elle fermée ?
Opération Australia, la campagne d’influence de la Chine
Opération Australia,
La campagne d’influence secrète de la Chine en Australie,
Rémi Perelman, Asie21, janvier 2018
Pour devenir une puissance indopacifique – une visée à long terme – et faute de pouvoir investir l’Inde, la Chine cible l’Australie, territoire enviable et relais vers l’Antarctique. Pékin se projetterait ainsi vers deux autres quasi-continents à sa mesure, a priori relativement vulnérables de surcroît.
Dans cette perspective, les objectifs du Parti communiste chinois, PCC, sont au nombre de trois : contrôler les communautés soupçonnées d’hostilité à son égard, se doter de complices et, via de zélés donateurs, influencer favorablement le cours de la politique australienne.
Si l’agence de sécurité australienne, l’Australian Security Intelligence Organisation, l’ASIO, s’en inquiète aujourd’hui sérieusement, le caractère apparemment limité et subreptice des actions incriminées ne soulève pas de vagues sur le plan international, où l’attention est accaparée à juste titre par la première étape du processus qu’est l’avancée en mer de Chine du Sud.
Pour Noël, la géopolitique touristique chinoise s’est trouvée une nouvelle cible : le Vatican
Après les restrictions relatives au Japon, Taïwan et la Corée du Sud, les touristes chinois ont appris qu’ils devaient rayer une nouvelle destination de la carte de leurs périples de masse : le Vatican. Une telle décision traduit deux choses : la manière dont la Chine utilise les touristes comme moyens de pression économique pour influencer sur les décisions politiques d’un État et la difficulté des relations entre la république populaire de Chine et le Saint-Siège et ce malgré les annonces répétées d’une amélioration de leurs relations (qui pourraient faire perdre à la république de Chine (ou Taiwan) la reconnaissance de son identité politique par le Vatican).
Chine : Xi Jinping penseur-empereur ou « la défaite de la pensée » avec des caractéristiques chinoises
Le XIXe congrès du Parti communiste chinois (PCC) s’est déroulé du 18 au 24 octobre 2017 à Pékin. Il a vu le renouvellement du mandat de Xi Jinping à la tête du PCC (annonçant sa réélection comme président de la république populaire de Chine – les deux entités « État » et « Parti » étant plus que jamais indissociables). Si ce XIXe congrès a introduit son lot de nouveautés en termes de changement de cadres aux postes clefs – avec une augmentation nette des personnalités proches idéologiquement et politiquement de Xi, une des nouveautés les plus frappantes du Congrès fut l’introduction de la « philosophie de Xi Jinping » dans la charte ou la « constitution » du PCC – faisant de l’actuel dirigeant Xi Jinping l’égal en stature et importance de Mao Zedong et Deng Xiaoping. Mais la nature et le contenu de cette « philosophie » (qui doit être enseignée mais n’est a priori guère discutable) reste problématique et semble avoir pour conséquence de faire du « socialisme (de marché) chinois » la religion matérialiste d’un Parti-État dont Xi serait à la fois le pape et l’empereur.
Chine : punir sans frontières
Le Parti communiste chinois mène une offensive protéiforme visant à discréditer et parfois même à criminaliser ceux qui le critique ou remettent en cause ses mythes officiels, en Chine, mais aussi de plus en plus, à l’étranger.
Chine : Liu Fulian, un limogeage intervenu 6 ans après les faits ?
Le limogeage de Liu Fulian, ancien commissaire politique de la Force de soutien stratégique (FSS), intervient plusieurs années après des faits présentés comme établis. Sa disgrâce est-elle un épisode à part de la campagne anticorruption de Xi Jinping ? À ce jour, à l’exception de la conduite publique de Liu Fulian jugée maladroite et le passif relationnel de Tang Can, chanteuse de la Troupe artistique des camarades de la Région militaire de Pékin, avec Bo Xilai, il n’y a pas d’informations disponibles expliquant clairement le pourquoi de la corrélation entre l’attitude de Liu Fulian et son limogeage de la FSS. D’une manière générale, les tenants et aboutissants des rivalités entre personnalités et cliques sont d’une grande complexité et opacité sans oublier le caractère violent des confrontations. C’est ce que nous allons voir ici à travers le processus de la campagne anticorruption et l’épisode Liu-Tang.