Réélu en 2019 avec un meilleur score qu’en 2014, le président Joko Widodo a soulevé beaucoup d’espoir en Indonésie. Sa manière de gouverner, plus informelle et inclusive que ses prédécesseurs, son sens du compromis et son expérience des affaires en faisaient un dirigeant atypique dans un pays en pleine transition. Les réformes engagées pour réduire les pesanteurs administratives qui plombent l’économie, les grands projets d’infrastructure et les ambitions diplomatiques d’un archipel charnière entre l’océan Indien et l’océan Pacifique constituaient autant de signaux encourageants dans le traitement de la longue liste de problèmes qui rendent les changements difficiles. Las ! La crise de la covid-19 aura exposé ces problèmes au-dessus de la normalité et exposé le pays à de nouveaux défis qui vont bien au-delà de la sévère crise sanitaire. Et comme ailleurs dans le monde, la pandémie a amplifié des tendances souterraines jusqu’à menacer la trajectoire en cours. Le président a encore trois ans pour contredire ceux qui le critiquent ouvertement. Et en dépit de résultats discutables, sa popularité ne se dément pas.
président Biden
Birmanie : Le coup d’État, un enjeu international
Le coup d’État mené par la Tatmadaw (les Forces armées birmanes) le 1er février a surpris plus d’un observateur : le plébiscite remporté par la Ligue Nationale pour la Démocratie (LND) aux élections de novembre 2020 semblait sceller le sort de la transition amorcée en 2003. Les chancelleries occidentales se félicitaient de cette tournure quand celles des pays de l’ASEAN y voyaient un appel à poursuivre les rapprochements engagés depuis 1997. L’Inde félicitait les principaux responsables de la LND et même la Chine y trouvait son compte après avoir mis à profit la distanciation des pays occidentaux à la suite des événements tragiques touchant la communauté Rohingya (août – septembre 2017). Les accusations d’irrégularités électorales ont attiré l’attention des ambassades dont l’inquiétude est devenue encore plus palpable après que le général Min Aung Hlaing ait déclaré que la constitution pouvait être, « dans certaines circonstances », révoquée. L’ambassade américaine, avec 16 pays (dont l’ambassade du Royaume-Uni et celle de l’Union européenne) ont alors, publié une déclaration exhortant l’armée à adhérer aux normes démocratiques. Le coup d’État constitue la réponse de la Tatmadaw ; il interroge à présent sur la meilleure stratégie à adopter alors que le mouvement de désobéissance civile prend de l’ampleur.