Le voyage du président Poutine au cosmodrome de Vostochny, en pleine crise russo-ukrainienne, montre les nouvelles priorités de la Russie avec l’adieu à l’Europe. Poutine, homme de sang froid et de pensée politique longue, laisse très peu de place au hasard de l’instant. La politique n’est pas « tout en même temps », c’est choisir. Il a choisi l’Asie pour le futur de la Russie. L’Europe y perdra ses ressources énergétiques bon marché et sa compétitivité déjà fragile. Elle se trouvera liée aux destinées d’une Amérique du Nord déclinante. La Chine et l’Inde, avec l’exploitation des ressources sibériennes, ses ors noir, bleu, vert, sortent les grandes gagnantes de cette fracture, véritable rift tectonique Russie -Europe. Peut être eût-il mieux valu pour l’Europe de dépendre des énergies de l’Arctique russe que du gaz de schiste américain, cher et si peu écologique, ou des ressources énergétiques des pays du Golfe, incertaines à terme.
Victoria Nuland
Russia – Asia – Europe – United States : The Great Rift Europe – Asia
President Putin’s trip to the Vostotchny Cosmodrome, in the midst of the Russian-Ukrainian crisis, shows Russia’s new priorities with its farewell to Europe. Putin, a man of cold blood and long political thought, leaves very little room for the chance of the moment. Politics is not about « everything at once », it is about choosing. He has chosen Asia for the future of Russia. Europe will lose its cheap energy resources and its already fragile competitiveness. It will find itself tied to the destiny of a declining North America. China and India, with the exploitation of Siberian resources, its black, blue and green gold, will be the big winners of this fracture, a real Russia-Europe tectonic rift. Perhaps it would have been better for Europe to depend on the energies of the Russian Arctic than on American shale gas, which is expensive and not very ecological, or on the energy resources of the Gulf States, which are uncertain in the long term.